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© Canalsup - Université de Limoges - 2018

Quand les sociétés contemporaines se coupent de la terre/Terre

Chaque être humain entretient un lien « éco-techno-symbolique » avec son milieu, rappelle Augustin Berque.  "Eco", c'est l'oikos, c'est la maison, c'est la planète. C'est la terre en tant que sol qui nous porte, et la Terre avec un t majuscule, c'est à dire la planète. "Techno", parce que depuis qu'il y a des humains sur la Terre, il y a cette relation d'invention technique pour optimiser, prolonger les compétences corporelles. " Symbolique", parce que nous sommes des êtres de sens. En interaction avec nos milieux, nous avons laissé émaner des langues qui nous permettent de nous abstraire de l'ici-maintenant, de pouvoir nous représenter l'absent, des techniques liées à des communautés linguistiques, artistiques, à des savoirs, à des gestes. Mais les sociétés contemporaines ont cassé ce lien de continuité créative entre l'éco-techno-symbolique pour établir un rapport de hiérarchie entre d'un côté le "techno-symbolique" (« je pense donc je suis ») et, de l'autre côté, l'éco -le vivant. Le techno-symbolique se détache et domine, il surplombe alors le vivant. 

L’industrie agro-alimentaire tout comme les acteurs de la mondialisation économique ont considéré que tout ce qui relevait de cet oikos, de cette planète (la biodiversité, la terre comme sol-support), n'était finalement que fonctionnel. Donc il fallait l'exploiter ; c’est l’imaginaire de la quête, de la conquête, qui prévaut. En revanche, aujourd'hui on trouve dans les dynamiques paysannes, partout dans le monde, cette envie de tisser un lien de continuité.

Nicole PIGNIER, Le Design et le Vivant. Cultures, agricultures et milieux paysagers. Edts Connaissances et Savoirs, 2017.

 

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