© Canalsup - Université de Limoges - 2018
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© Canalsup - Université de Limoges - 2018
Designer à rebours du vivant ?
L’agriculture industrielle pense pour les agriculteurs et à leur place, elle amène ces derniers à designer à rebours du vivant. Les gestes consistent à exclure tout ce qui « gêne », à faire « place nette » avant de semer, à vider la terre de sa faune et de sa flore afin de semer la graine et planter le plant standardisés. Des gestes que l’on retrouve mondialement, des gestes devenus souvent automatiques qui s’accompagnent de l’extermination des langues et des cultures locales.
À coups d’intervention s’organise le combat : lutte contre les « nuisibles » et à chaque production apports d’intrants pour « compenser » les manques du sol devenu inerte, du sol-support au moyen de produits fabriqués par l’industrie. La visée éthique propre à l’industrie s’impose à celle des agriculteurs : une hyperspécialisation des métiers, un rêve d’équipements toujours plus « sophistiqués », une gestion de la terre à distance ou hors-sol.
Des semences hybrides à rebours du vivant.
Mises au point par les semenciers industriels est à ce titre typique, les graines hybrides, standardisées, font naître des plantes de même format, de même qualité et ne pouvant pas se reproduire. Elles nécessitent l’achat de nouvelles graines à chaque production agricole. Historiquement, les paysans avaient ce geste de récolter leurs propres graines, de les échanger, de les commercialiser, de les semer à nouveau, des graines qui donnaient des plantes variées, au goût, à la texture, à la forme et à la taille diverses. Ce geste-ci est aujourd’hui, dans nombre de pays, mis à mal. Des paysans ici et là sur la planète s’organisent pour résister, refuser cette uniformisation en collectant ce qu’ils appellent les « semences paysannes » :
Nicole PIGNIER, Le Design et le Vivant. Cultures, agricultures et milieux paysagers. Edts Connaissances et Savoirs, 2017.
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